04. Juillet 2022

La mort à portée de main

50 ANS D'ACP ALLEMAGNE
Comment l‘intervention au Togo s‘est transformée en un combat à la vie à la mort pour notre collaborateur Daniel H.

Des orphelinats devaient être construits pour des orphelins au Togo. Et comme je suis chef de chantier de profession, le pionnier d’ACP, Waldemar Sardaczuk, m‘a envoyé là-bas. Cela m‘a poussé aux limites de ma patience - et au bord de la tombe.

Sur un terrain isolé, nous avons arraché les buissons et l‘herbe. Cela ne plaisait pas du tout aux innombrables mambas verts venimeux. Ils exprimaient leur protestation en sifflant de rage, avant d‘être immédiatement abattus par des ouvriers locaux. Le fait qu‘aucun d‘entre nous n‘ait subi d‘injection mortelle de poison tenait du miracle. Après avoir gribouillé les plans de construction, nous avons coulé les fondations et fabriqué des briques de ciment. Puis nous avons commencé à construire. Les bâtisseurs locaux n‘avaient manifestement jamais entendu parler de fil à plomb, les murs étaient donc de travers. J‘ai tout fait démolir et je leur ai expliqué avec beaucoup de patience comment ils pouvaient obtenir des murs droits avec des outils simples.

Puis j‘ai été immobilisé. La fièvre est montée à 41,8°C et mon corps n‘absorbait plus aucun liquide. J‘avais le choléra, ou plutôt le choléra m‘avait. Le peu que je savais de cette maladie, c‘est que sans traitement, on ne survit pas trois jours. On m‘a emmené à la clinique de brousse. Mais au vu de ce taudis moisi, je me suis dit : tu ne pourras en sortir que dans une caisse en bois. Je me suis traîné hors de la hutte avec mes dernières forces et j‘ai demandé à être conduit à notre logement. Pendant que mes compagnons africains priaient comme des champions, j‘ai ingurgité une surdose de Bactrim Forte, ce qui a fait chuter ma température à 35°C en un rien de temps.

Je me sentais encore plus mal qu‘avant et ne pus plus quitter mon lit pendant trois jours. Des visions de murs inclinés me hantaient sans cesse, en rêve ou dans mon délire. Mais le quatrième jour, la prière ou le médicament, ou les deux, ont fait leur effet. Encore très affaibli, j‘ai demandé à mes amis de m‘emmener sur le chantier. Ils m‘ont installé dans un fauteuil en osier sous un bananier. De là, malgré mes capacités cérébrales limitées, je donnais des instructions et les bâtiments ont été terminés à temps - avec des murs verticaux ! Mais il a fallu attendre encore six mois avant que je ne retrouve mes capacités.



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