27. Septembre 2024

Trois parcours de souffrance

IRAN
Au sein du réseau d’ACP en Turquie, nous encadrons également des exilés iraniens. Lors d'un entretien avec nos responsables de projet, ils racontent les souffrances inconcevables par lesquelles ils sont passés.

Arian, Iranienne en exil, est la fille d'un des premiers martyrs chrétiens de la révolution islamique. Arian revient sur son passé : « Lorsque mon père avait quatre ans, il y avait très peu de chrétiens dans son village en Iran, dont une infirmière. Les enfants musulmans la détestaient et lui jetaient des pierres. Mon père faisait de même. Mais une fois, alors qu'il voulait s'enfuir, il a trébuché et est tombé. La femme s'est approchée de lui et mon père a eu peur qu'elle le frappe. Mais elle l'a consolé et l'a aidé à se relever.

Ce souvenir est resté gravé dans sa mémoire. Lorsqu'il a eu 16 ans, il est venu à la foi en Jésus en parlant avec un chrétien. Mais il répétait sans cesse : ‹ Une des raisons principales pourquoi je suis devenu chrétien, c’est l'infirmière ›.

Quand mon père a accepté Jésus, sa mère l'a renvoyé. Il s'est rendu dans une autre région et a trouvé du travail dans un hôpital chrétien. Dans l'orphelinat voisin vivait également une jeune femme aveugle qui croyait en Jésus. Mon père la voyait quotidiennement, et un jour, ils
ont fait connaissance. Ils sont tombés amoureux et se sont mariés. Mes parents et nous, les quatre enfants, nous sommes installés à Mashhad, la deuxième plus grande ville d'Iran.

À l'âge de 40 ans, mon père a fondé une église dans notre maison. Dix ans plus tard, l'ayatollah Khomeiny est arrivé au pouvoir. Notre église a été fermée, mon père arrêté et assassiné. » Les pionniers d’ACP ont alors soutenu la famille traumatisée et désorientée.


Pasteur M. – traumatisme lié à la détention et à la résistance à la torture
Le pasteur M. est venu à la foi en Jésus il y a plus de 20 ans en Iran. Une émission de télévision chrétienne, encore tolérée à l'époque, l'a touché en plein cœur. Le Saint-Esprit lui a rappelé un événement. Lorsqu'il avait quatre ans, il a vu comment d'autres enfants étaient câlinés par leur père. Cela a rendu M. très triste, lui qui avait perdu son père très jeune. « J'ai demandé à ma mère où était mon papa. Elle m'a répondu : ‹ Papi est au ciel ›. » Quand M. s'en est souvenu, il a entendu une voix qui lui a dit trois fois : « Je suis ton père ». Profondément ému, il a donné sa vie à Jésus.

M. est devenu pasteur et a fondé une église à Téhéran. Lors de la vague d'arrestations de 2003, la police a pris d'assaut le bâtiment et a arrêté tout le monde. Dans un premier temps, M. a été placé en isolement. Les agents l'ont torturé et ont menacé de le tuer, lui et sa famille, s'il ne revenait pas à l'islam.


Mais Dieu a rendu le pasteur M. fort et il a tenu bon. La situation en prison était insupportable. Lui et 28 autres personnes étaient entassés dans une pièce de quatre mètres sur cinq, sans lit, sans toilettes. Les hommes étaient à moitié couchés les uns sur les autres, il y avait à peine de l'air pour respirer, des insectes, des excréments et des rats partout. Et pourtant, cette cellule s'est rapidement transformée en une petite église, où le pasteur M. a parlé d'espoir et d'amour, et du fait que Jésus est la source de la vie. Certains détenus, dont un meurtrier multirécidiviste, ont donné leur vie à Jésus.

Après cinq ans passés dans les pires conditions, le pasteur M. a été libéré et a rejoint sa famille en Turquie. Mais il n'avait pas surmonté le traumatisme de la prison. Il est devenu dépressif et s'est réfugié dans l'alcool et la cigarette. Un jour, il vit Jésus qui lui demanda : « Pourquoi es-tu si 
triste ? » M. était comme paralysé et ne pouvait répondre à Jésus que dans son cœur. Cette rencontre lui a redonné le goût de vivre et l'a libéré de ses addictions.


Pasteur Navid Abbas* - fuite difficile avec un bébé
« Toute personne qui croit en Jésus-Christ en Iran est exposée au risque d'être arrêtée un jour », rapporte le pasteur Navid*, un exilé iranien. « Cela a également touché notre famille. L'atmosphère de la prison sentait le cimetière. C'était l'odeur de la mort et de l'horreur de ceux qui avaient souffert là avant nous. Lors d'un procès ridicule, nous avons été accusés de crimes contre la sécurité nationale. Nous avons été libérés contre une caution de trois cents millions de tomans (6'000 francs).


Notre fille Lydia, qui était encore un bébé à l'époque, a été arrachée de force des bras de ma femme M. et confiée à l’assistance sociale. Nous remercions Dieu de nous l'avoir rendue par voie de justice après une longue lutte. Nous avons ensuite décidé de quitter le pays. Nous nous sommes rendus dans une ville du nord de l'Iran pour nous rendre en Turquie grâce à une organisation de passeurs. Après être montés dans le camion, il a fallu patienter huit heures pour que commence enfin le voyage. Dans cette prison sur roues, personne n’avait le droit d’élever la voix, sinon nous aurions tous été arrêtés. Nous étions assis sur des pierres éparses. Pendant le trajet cahoteux, poussiéreux et bruyant, notre fille de quelques mois et nous-mêmes avons été secoués sans répit. Mais Lydia a tout simplement dormi toute la nuit, comme par miracle. Il n'y avait rien à manger ni à boire. Après 18 longues heures, nous sommes arrivés en Turquie, où nous avons été soutenus par des collaborateurs d’ACP. »

* Nom modifié



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