07. Janvier 2022

Regard en arrière avec respect et émerveillement

50 ANS D'ACP ALLEMAGNE
Ils étaient les hommes de la première heure qui ont démarré cette aventure. Aujourd’hui, ils peuvent se retourner sur un développement qu’ils n’auraient jamais imaginé. Nous nous sommes entretenus avec Gerhard Heinzmann, Hans Ollesch et Waldemar Sardaczuk.

Pour quelles raisons avez-vous organisé la manifestation du 21 février 1972 ?
Gerhard « Avec l’aide humanitaire que nous avions apportée durant les inondations de 1970 en Roumanie, nous avions aussi apporté des Bibles très recherchées et de la littérature chrétienne. Pas seulement en roumain, mais aussi en russe, en bulgare, en ukrainien et d’autres langues lors de transports ultérieurs dans les pays concernés. En février 1971, j’étais en Roumanie, officiellement pour skier. Mais en réalité, j’ai visité des églises souterraines. J’ai reçu des mains des frères, des informations écrites sur la situation des chrétiens. Quand j’ai voulu retourner chez moi, je me suis retrouvé à deux doigts de finir en prison parce qu’on a retrouvé ces documents avec moi. Quelques jours plus tard, des perquisitions et des arrestations ont eu lieu chez les auteurs. La menace d’une incarcération pour au moins 10 ans pour espionnage au profit de l’Occident était réelle. J’ai beaucoup prié et ressenti l’impulsion d’organiser cette manifestation pour ces pasteurs. »

Qu’avez-vous espéré ou craint lors de la préparation de cette manifestation ?

Waldemar « Nous espérions que beaucoup de chrétiens prennent à cœur le destin de ces frères et sœurs de Roumanie. En même temps, nous craignions que peu de personnes ne puissent se libérer. La marche silencieuse et le service de prière ont été organisés durant un mois, un jour ouvrable et en hiver, par-dessus le marché. Nous étions des pasteurs, et pas des professionnels de ce genre de manifestations. Finalement, 300 personnes sont venues. Et grâce aux banderoles, beaucoup de passants ont été rendus attentifs à la persécution. »

Quand avez-vous découvert la libération des pasteurs roumains ?
Hans
« Quelques jours après l’événement à Cologne, nous avons appris la nouvelle. Pour dire vrai, j’étais un peu surpris, mais surtout très, très content. Et nous avons aussi découvert quelque chose que nous ne savions pas avant : le jour de notre manifestation correspondait à la visite officielle du ministre roumain des affaires étrangères en Allemagne. Et le même jour a eu lieu le procès contre nos frères en Roumanie. La nouvelle de notre manifestation a dû filtrer. Parce que le procureur général a insulté nos frères en leur faisant le reproche d’avoir apporté la honte sur le pays puisque, à cause d’eux, des manifestations avaient lieu en Allemagne contre la Roumanie. La version officielle était la suivante : il n’y a pas de persécution contre les chrétiens en Roumanie. Les frères ont été immédiatement libérés avec sursis, ne devant raconter à quiconque que des chrétiens roumains étaient en prison. »

Pourquoi n’avoir pas clôt l’affaire après la manifestation ? Votre but était atteint.
Gerhard
« Les gens derrière le Rideau de Fer avaient toujours soif de Bibles. Nous ne pouvions pas les abandonner. »

Hans « Le nom d’ACP est certes apparu dans le contexte de la manifestation. Mais déjà en novembre 1970, nous avions aidé les chrétiens de Roumanie avec du matériel humanitaire, des Bibles et de la littérature chrétienne. Nous avions aussi déjà des contacts en Union Soviétique et savions que beaucoup de chrétiens là-bas étaient en prison et dans des camps, et qu’il manquait de Bibles. Nous avons donc simplement continué. Il y avait malheureusement bien assez de travail. »

Quelle a été votre mission la plus périlleuse avec ACP ?
Waldemar
« Il y a toujours eu des dangers. Mais un vol me revient clairement à l’esprit. Nous avons décollé du Mozambique dans un petit avion vers Johannesburg. Un ouragan nous a carrément fait dévier de notre route. Nous avons totalement perdu l’orientation. Mais une direction était constante : l’aiguille indiquant le niveau de carburant allait toujours plus vers le bas. Dans de telles circonstances, on apprend à prier. Et finalement nous sommes apparus sur les radars de la tour de contrôle de Johannesburg et avons été dirigés vers l’aéroport où nous nous sommes posés avec les dernières gouttes de kérosène. Quand le pilote a voulu mener l’avion vers le hangar, l’avion s’est arrêté. Plus de carburant du tout. »

Hans « En 1974, lors d’un voyage en Union Soviétique, nous avons été arrêtés à la douane et la procédure habituelle a commencé. Les employés de douane ont fouillé notre Bus VW de manière rigoureuse, démonté les meubles et enlevé jusqu’à la roue de secours. Finalement, leur acharnement a payé : ils ont trouvé les Bibles et la littérature chrétienne. Nous avons immédiatement été arrêtés et interrogés, encore et encore. Pour faire monter la pression, on nous a emmenés au commissariat de la ville voisine pour d’autres interrogatoires. Précédemment, on nous avait demandé de prendre congé de nos épouses qui étaient restées à la douane. Les agents du KGB nous ont menacé de cinq ans de prison. Et nous le savions : ce n’était pas des paroles en l’air. Mais malgré la pression et les menaces, nous sommes restés calmes, ce qui a d’abord rendu les fonctionnaires nerveux, puis carrément furieux. Après six jours de grosse tension et d’incertitude, notre bus et la littérature ont été confisqués et nous, mis dans un train pour la Pologne. Cette expulsion ressemblait plus à une mise à la porte, à quoi est venu s’ajouter une interdiction d’entrée à vie. Nous n’avons jamais été aussi heureux d’être à la maison. »

Qu’est-ce qui vous impressionne, vous étonne, vous enthousiasme le plus quand vous regardez à ces 50 années d’ACP ?
Gerhard
« Que Dieu nous a toujours portés à travers les situations les plus improbables et dangereuses. Nous avons expérimenté la protection divine. »

Hans « Le fait que des petits commencements est sorti un travail mondial m’étonne toujours encore. Et les grands changements que cela a apporté tant dans les pays que dans la vie d’innombrables personnes m’enthousiasment. »

Waldemar « Un changement de vie efficace en faisant connaître Jésus-Christ. Espérons que les cinquante premières années n’ont été que le début. Nous avons commencé à partir de rien, sans bureau ni collaborateurs, ni argent. Les moyens actuels d’ACP sont beaucoup plus grands ainsi que l’obligation grandissante de poursuivre notre appel. »

Un grand merci pour cet entretien et votre merveilleux service. Que Dieu vous bénisse.



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